relire les 21 conditions...
 
Souvent évoquées -et plus rarement lues- les "21 conditions d'adhésion à la IIIème Internationale" constituent un texte saisissant à bien des égards. A nos regards contemporains, elles apparaissent d'une extrême brutalité dans leur défense et illustration d'une guerre civile sans merci, d'une surprenante naïveté dans leur vision du monde, d'une totale absence de scrupules dans l'exposé des méthodes d'action.
 
Comme les premiers chrétiens assurés de l'imminence d'un royaume divin contre les forces du mal, les léninistes affirment leur certitude que le combat final contre les forces capitalistes est engagé. Ils y puisent la nécessité d'un parti militaire et unanime, capable de gagner la guerre civile déjà déclarée. Après la terrible épreuve de la Grande Guerre, il peut nous paraître surprenant que des théoriciens prônent un nouvel affrontement à une population éprise de paix. Même en prenant en compte l'assurance puisée par les bolcheviks russes dans leur récente victoire, assurance qui s'étend aux méthodes utilisées pour l'obtenir, on ne peut manquer d'être étonné par des formulations telles que: "Dans presque tous les pays de l'Europe et de l'Amérique, la lutte de classes entre dans la période de la guerre civile", ou: "A l'époque actuelle de guerre civile acharnée, le Parti communiste ne pourra remplir son rôle que s'il est organisé de la façon la plus centralisée, si une discipline de fer confinant à la discipline militaire y est admise et si son organisme central est muni de larges pouvoirs, exerce une autorité incontestée, bénéficie de la confiance unanime des militants", ou encore: "La presse périodique ou autre et tous les services d'éditions doivent être entièrement soumis au Comité central du Parti, que ce dernier soit légal ou illégal."  et "L'Internationale communiste exige impérativement et sans discussion cette rupture [NB: avec les "réformistes"]qui doit être consommée dans les plus brefs délais"
 
La militarisation des Partis -la majuscule a toute son importance- et de leur organisation est affirmée ici sans fard, sans métaphores destinées à l'adoucir. Les mots ont exactement le sens que tout un chacun leur connaît. Epurer en permanence ("Les Partis communistes des pays où les communistes militent légalement doivent procéder à des épurations périodiques de leurs organisations, afin d'en écarter les éléments intéressés et petit-bourgeois"), éliminer toute possibilité de débat ("Toutes les décisions des Congrès de l'Internationale communiste, de même que celles du Comité exécutif, sont obligatoires pour tous les Partis affiliés à l'Internationale communiste": ces actes imposés aux partis adhérents, loin d'être dissimulés sous des formules lénifiantes, sont clairement exposées. Là où leurs adversaires proclament  un danger, les bolcheviks, eux, voient un modèle positif qui a fait la preuve de sa supériorité, dès lors qu'il s'agit de détruire le vieux monde.
 
La briéveté du texte devrait inviter à une lecture attentive. Presque tout ce que sera le mouvement communiste de l'entre-deux guerres s'y découvre sans artifices de langage -la dévotion militante à base de rupture culturelle, l'élaboration d'un appareil à toute épreuve, l'ouvriérisation, la construction de ce qu'on appellera plus tard une "contre-société", destinée à souder les militants et à miner la société "capitaliste", le mépris de la légalité "bourgeoise", la direction des partis nationaux par le Comité exécutif de l'Internationale, le primat de la défense "sans réserves" de la "patrie du socialisme", la haine des réformistes "jaunes"- presque tout.
 
Les adversaires les plus déterminés du bolchevisme en Loir-et-Cher -Besnard-Ferron, Reibel, Bled- ont eu beau dénoncer le danger de telle ou telle "condition", comme Léon Blum devant le Congrès de Tours, rien n'y a fait: les socialistes loir-et-chériens, très majoritairement, ont choisi la nouvelle voie. Mais combien, parmi les premiers communistes, allèrent au-delà de la résolution  majoritaire à Tours, infiniment moins brutale, et lurent vraiment le texte dont elle s'inspirait ? Combien qui pensaient, en adhérant à la IIIème Internationale, d'abord en finir avec un socialisme d'union sacrée, complice, à leurs yeux, de la grande boucherie 14-18, sans pour autant entrer dans un nouveau temple ? 
 
C'est que les "21 conditions" ne représentent pas seulement une opération de congrès -ce qu'elles furent aussi-, destinée à isoler les "réformistes": elles font faire au mouvement socialiste français un saut stratégique inédit. Pas une nouvelle "hérésie" comme il en a tant connu, mais un nouveau dogme, une sorte de synthèse improbable Blanqui-Guesde qui, aujourd'hui encore, en fait rêver quelques uns.
LES VINGT ET UNE CONDITIONS
 
[Le texte  reproduit ici est celui figurant dans l'ouvrage de Marc Lazar et Stéphane Courtois, ("Histoire du Parti Communiste français" - PUF éditeur - 1995) lui-même puisé dans le "Bulletin communiste" du 18 septembre 1920. Sa formulation diffère de celle figurant en annexe du tome I de "l'Histoire Intérieure du Parti Communiste" (Philippe Robrieux - Fayard éditeur - 1980)  publiée dans "L'Humanité" du 8 octobre 1920]
 
"Le IIème Congrès de l'Internationale communiste décide que les conditions d'adhésion dans l'Internationale sont les suivantes :
 
1/ La propagande et l'agitation quotidiennes doivent avoir un caractère effectivement communiste et se conformer au programme et aux décisions de la IIIème Internationale. Tous les organes de la presse du Parti doivent être rédigés par des communistes sûrs ayant prouvé leur dévouement à la cause du prolétariat. Il ne convient pas de parler de dictature prolétarienne comme d'une formule apprise et courante; la propagande doit être faite de manière à ce que la nécessité en ressorte pour tout travailleur, pour toute ouvrière, pour tout soldat, pour tout paysan, des faits mêmes de la vie quotidienne, systématiquement notés par notre presse. La presse périodique ou autre et tous les services d'éditions doivent être entièrement soumis au Comité central du Parti, que ce dernier soit légal ou illégal. Il est inadmissible que les organes de publicité mésusent de l'autonomie pour mener une politique non conforme à celle du Parti. Dans les colonnes de la presse, dans les réunions publiques, dans les syndicats, dans les coopératives, partout où les partisans de la IIIème Internationale auront accès, ils auront à flétrir systématiquement et impitoyablement non seulement la bourgeoisie mais aussi ses complices, réformistes de toutes nuances.
 
2/ Toute organisation désireuse d'adhérer à l'Internationale communiste doit régulièrement et systématiquement écarter des postes impliquant tant soit peu de responsabilité dans le mouvement ouvrier (organisations du Parti, rédactions, syndicats, fractions parlementaires, coopératives, municipalités) les réformistes et les "centristes" et les remplacer par des communistes éprouvés - sans craindre d'avoir à remplacer, surtout au début, des militants expérimentés par des travailleurs sortis du rang.
 
3/ Dans presque tous les pays de l'Europe et de l'Amérique, la lutte de classes entre dans la période de la guerre civile. Les communistes ne peuvent dans ces conditions se fier à la légalité bourgeoise. Il est de leur devoir de créer partout, parallèlement à l'organisation légale, un organisme clandestin, capable de remplir au moment décisif son devoir envers la révolution. Dans tous les pays où, par suite de l'état de siège ou de loi d'exception, les communistes n'ont pas la possibilité de développer légalement toute leur action, la concomitance de l'action légale et de l'action illégale est indubitablement nécessaire .
 
4/ Le devoir de propager les idées communistes implique la nécessité absolue de mener une propagande et une agitation systématique et persévérante parmi les troupes. Là où la propagande ouverte est difficile par suite de lois d'exceptions, elle doit être menée illégalement; s'y refuser serait une trahison à l'égard du devoir révolutionnaire et par conséquent incompatible avec l'affiliation à la IIIème Internationale .
 
5/ Une agitation rationnelle et systématique dans les campagnes est nécessaire. La classe ouvrière ne peut vaincre si elle n'est soutenue tout au moins par une partie des travailleurs des campagnes (journaliers agricoles et paysans les plus pauvres) et si elle n'a pas neutralisé par sa politique tout au moins une partie de la campagne arriérée. L'action communiste dans les campagnes acquiert en ce moment une importance capitale. Elle doit être principalement le fait des ouvriers communistes en contact avec la campagne. Se refuser à l'accomplir ou la confier à des demi-réformistes douteux, c'est renoncer à la révolution prolétarienne.
 
6/ Tout Parti désireux d'appartenir à la IIIème Internationale a pour devoir de dénoncer autant que le social-patriotisme avoué le social-pacifisme hypocrite et faux; il s'agit de démontrer systématiquement aux travailleurs que, sans le renversement révolutionnaire du capitalisme, nul tribunal arbitral international, nul débat sur la réduction des armements, nulle réorganisation " démocratique" de la Ligue des nations ne peuvent préserver l'humanité des guerres impérialistes.
 
7/ Les Partis désireux d'appartenir à l'Internationale communiste ont pour devoir de reconnaître la nécessité d'une rupture complète et définitive avec le réformisme et la politique du centre et de préconiser cette rupture parmi les membres des organisations. L'action communiste conséquente n'est possible qu'à ce prix. L'Internationale communiste exige impérativement et sans discussion cette rupture qui doit être consommée dans les plus brefs délais. L'Internationale communiste ne peut admettre que des réformistes avérés, tels que Turati, Kautsky, Hilferding, Longuet, MacDonald, Modigliani et autres, aient le droit de se considérer comme des membres de la IIIème Internationale, et qu'ils y soient représentés. Un pareil état de choses ferait ressembler par trop la IIIème Internationale à la IIème.
 
8/ Dans la question des colonies et des nationalités opprimées, les Partis des pays dont la bourgeoisie possède des colonies ou opprime des nations, doivent avoir une ligne de conduite particulièrement claire et nette. Tout Parti appartenant à la IIIème Internationale a pour devoir de dévoiler impitoyablement les prouesses de " ses" impérialistes aux colonies, de soutenir, non en paroles mais en fait, tout mouvement d'émancipation dans les colonies, d'exiger l'expulsion des colonies des impérialistes de la métropole, de nourrir au cœur des travailleurs du pays des sentiments véritablement fraternels vis-à-vis de la population laborieuse des colonies et des nationalités opprimées et d'entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux.
 
9/ Tout Parti désireux d'appartenir à l'Internationale communiste doit poursuivre une propagande persévérante et systématique au sein des syndicats, coopératives et autres organisations des masses ouvrières. Des noyaux communistes doivent être formés dont le travail opiniâtre et constant conquerra les syndicats au communisme. Leur devoir sera de révéler à tout instant la trahison des social-patriotes et les hésitations du "centre". Ces noyaux communistes doivent être complètement subordonnés à l'ensemble du Parti.
 
10/ Tout Parti appartenant à l'Internationale communiste a pour devoir de combattre avec énergie et ténacité l' " Internationale " des syndicats jaunes fondée à Amsterdam. Ils doivent répandre avec ténacité au sein des syndicats ouvriers l'idée de la nécessité de la rupture avec l'Internationale Jaune d'Amsterdam. Il doit par contre concourir de tout son pouvoir à l'union internationale des syndicats rouges adhérant à l'Internationale communiste.
 
11/ Les Partis désireux d'appartenir à l'Internationale communiste ont pour devoir de réviser la composition de leurs fractions parlementaires, d'en écarter les éléments douteux, de les soumettre, non en parole mais en fait, au Comité central du parti, d'exiger de tout député communiste la subordination de toute son activité aux intérêts véritables de la propagande révolutionnaire et de l'agitation.
 
12/ Les Partis appartenant à l'Internationale communiste doivent être édifiés sur le principe de la centralisation démocratique. A l'époque actuelle de guerre civile acharnée, le Parti communiste ne pourra remplir son rôle que s'il est organisé de la façon la plus centralisée, si une discipline de fer confinant à la discipline militaire y est admise et si son organisme central est muni de larges pouvoirs, exerce une autorité incontestée, bénéficie de la confiance unanime des militants.
 
13/ Les Partis communistes des pays où les communistes militent légalement doivent procéder à des épurations périodiques de leurs organisations, afin d'en écarter les éléments intéressés et petit-bourgeois.
 
14/ Les Partis désireux d'appartenir à l'Internationale communiste doivent soutenir sans réserves toutes les républiques soviétistes dans leurs luttes avec la contre-révolution. Ils doivent préconiser inlassablement le refus des travailleurs de transporter les munitions et les équipements destinés aux ennemis des républiques soviétistes, et poursuivre, soit légalement soit illégalement, la propagande parmi les troupes envoyées contre les républiques soviétistes.
 
15/ Les Partis qui conservent jusqu'à ce jour les anciens programmes social-démocrates ont pour devoir de les réviser sans retard et d'élaborer un nouveau programme communiste adapté aux conditions spéciales de leur pays et conçu dans l'esprit de l'Internationale communiste. Il est de règle que les programmes des Partis affiliés à l'Internationale communiste soient confirmés par le Congrès international ou par le Comité exécutif. Au cas où ce dernier refuserait sa sanction à un Parti, celui-ci aurait le droit d'en appeler au Congrès de l'Internationale Communiste.
 
16/ Toutes les décisions des Congrès de l'Internationale communiste, de même que celles du Comité exécutif, sont obligatoires pour tous les Partis affiliés à l'Internationale communiste. Agissant en période de guerre civile acharnée, l'Internationale communiste et son Comité exécutif doivent tenir compte des conditions de lutte si variées dans les différents pays et n'adopter de résolutions générales et obligatoires que dans les questions où elles sont possibles.
 
17 / Conformément à tout ce qui précède, tous les Partis adhérant à l'Internationale communiste doivent modifier leur appellation. Tout Parti désireux d'adhérer à l'Internationale communiste doit s'intituler: Parti communiste de ... (section de la IIIème Internationale communiste). Cette question d'appellation n'est pas une simple formalité; elle a aussi une importance politique considérable. L'Internationale communiste a déclaré une guerre sans merci au vieux monde bourgeois tout entier et à tous les vieux partis social-démocrates jaunes. Il importe que la différence entre les Partis communistes et les vieux Partis " social-démocrates" ou " socialistes" officiels qui ont vendu le drapeau de la classe ouvrière soit plus nette aux yeux de tout travailleur.
 
18/ Tous les organes dirigeants de la presse des Partis de tous les pays sont obligés d'imprimer tous les documents officiels importants du Comité exécutif de l'Internationale communiste.
 
19/ Tous les Partis appartenant à l'Internationale communiste ou sollicitant leur adhésion sont obligés de convoquer (aussi vite que possible), dans un délai de quatre mois après le IIème Congrès de l'Internationale communiste, au plus tard - un congrès extraordinaire afin de se prononcer sur ces conditions. Les Comités centraux doivent veiller à ce que les décisions du IIème Congrès de l'Internationale communiste soient connues de toutes les organisations locales.
 
20/ Les Partis qui voudraient maintenant adhérer à la IIIème Internationale, mais qui n'ont pas encore modifié radicalement leur ancienne tactique, doivent préalablement veiller à ce que les deux tiers des membres de leur Comité central et des Institutions centrales les plus importantes soient composés de camarades qui déjà avant le IIème Congrès s'étaient ouvertement prononcés pour l'adhésion du Parti à la IIIème Internationale. Des exceptions peuvent être faites avec l'approbation du Comité exécutif de l'Internationale communiste. Le Comité exécutif se réserve le droit de faire des exceptions pour les représentants de la tendance centriste mentionnés dans le § 7.
 
21 / Les adhérents au Parti qui rejettent les conditions et les thèses établies par l'Internationale communiste doivent être exclus du Parti. Il en est de même des délégués aux Congrès extraordinaires.
 
LA RESOLUTION DU CONGRES DE TOURS

[texte figurant dans "L'Histoire intérieure du part communiste" de Philippe Robrieux (éditions Fayard - 1980)]
 
1 - Le parti considère comme légitimes et indispensables les conditions posées par l'Internationale communiste pour éviter l'affiliation d'éléments anti-communistes.
 
2 - Il ne suffit pas, en effet, de déclarer qu'on est d'accord sur les principes généraux du socialisme marxiste. Il importe aussi d'être d'accord sur la tactique à suivre pour mettre ces principes en application, en tenant compte, conformément à la condition 16, des circonstances de temps et de lieu où est placé le parti. En formulant avec l'autorité et l'expérience que donnent au communisme russe plusieurs années de pratique révolutionnaire les règles essentielles de cette tactique, la IIIème Internationale a pesé clairement les bases de cet accord.
 
3 - Comme le 2ème congrès de l'Internationale communiste, le parti pense qu'une propagande vraiment communiste doit, par tous les moyens, être systématiquement portée partout où il y a des prolétaires. La nécessité de la dictature du prolétariat doit nettement ressortir de cette propagande, qui doit dénoncer avec une égale vigueur le régime capitaliste et le réformisme avoué ou masqué. La diffusion des idées communistes doit être assurée avec un soin tout particulier dans les campagnes.
 
4 - Tout ce qui porte l'estampille officielle du parti (journaux, brochures, etc.) doit être rédigé par des communistes sûrs. La presse et les services d'éditions doivent dépendre du Comité central du parti.
 
5 - Le parti doit être constitué d'après le principe de la centralisation démocratique. La discipline la plus stricte, acceptée par tous les membres, doit y régner. Les organes directeurs doivent y détenir une autorité incontestée, basée sur la confiance des militants. Tous les éléments non encore acquis au communisme doivent être écartés de ces organismes et, d'une façon générale, des postes comportant des responsabilités.
 
6 - L'expérience a démontré que la collaboration des communistes et des réformistes est incompatible avec l'action révolutionnaire. L'Internationale communiste a justement rappelé ce que cette collaboration a coûté à la République des Soviets de Hongrie. Aucune direction n'est praticable lorsque ceux qui doivent exercer cette direction sont irréductiblement divisés. La direction rationnelle d'un parti n'est possible que si la confiance des militants place à la tête des hommes entièrement et loyalement d'accord sur la charte doctrinale et tactique de ce parti.
 
7 - Vouloir, sous prétexte de représentation proportionnelle, imposer la collaboration entre communistes et non communistes, c'est vouer d'avance le parti à l'inaction et à l'impuissance, c'est faire d'un instrument de lutte de classes et de révolution un agglomérat amorphe de plus en plus soumis à l'influence bourgeoise. L'âpre lutte qui met aux prises, dans tous les partis socialistes du monde, les communistes et les réformistes ne peut être considérée comme une divergence d'opinion secondaire et momentanée, pouvant se résoudre par la confrontation des idées.
 
8 - Le parti, en plein accord avec l'Internationale communiste, se déclare donc résolu à suivre une politique exclusivement communiste. Il appliquera immédiatement cette résolution en désignant des représentants de même tendance au Comité central et aux journaux du parti.
 
9 - Le parti est pleinement d'accord avec l'Internationale communiste pour dénoncer l'impérialisme colonial et pour prendre activement le parti des populations subjuguées par le capitalisme européen dans leur lutte contre l'oppression sous toutes ses formes.
 
10 - Le parti est résolu à observer les décisions de l'Internationale communiste et de son Comité exécutif dont tous les documents seront publiés par ses soins. S'il est vrai que chaque parti est, dans son propre pays, le meilleur juge de la situation intérieure de ce pays et des possibilités d'action de son prolétariat, qu'il est de ce fait le plus qualifié pour former le jugement de l'Internationale communiste sur ce point, il est non moins vrai que chaque parti n'est qu'une des unités des forces prolétariennes mondiales étroitement solidaires, que l'Internationale doit diriger si elle veut être une autre chose qu'un simple appareil enregistreur. A la garantie que toute décision n'est prise qu'en pleine connaissance de cause doit nécessairement correspondre la garantie du respect et de l'exécution des décisions prises.
 
11 - Le parti décide de placer sous la direction de son Comité central ses représentants élus dans les assemblées de l'État bourgeois. Il retient la suggestion donnée par le 2ème congrès de l'Internationale communiste en ce qui concerne le contrôle à exercer en tout temps pour que les éléments étrangers au communisme ne puissent séjourner dans le parti.
 
12 - Le parti considère que les exceptions prévues à l'article 20 des conditions " en ce qui concerne les représentants de la tendance centriste nommés à l'article 7 " doivent s'appliquer au parti français dans les circonstances présentes. Ces exceptions valent également pour les délégués au congrès, visés à l'article 21, qui déclareront s'incliner devant les décisions du parti.
 
13 - Comme l'Internationale communiste enfin, le parti décide d'entreprendre une propagande persévérante dans toutes les organisations prolétariennes (syndicats, coopératives et autres groupements) en vue de les gagner au communisme.
 
14 - C'est par la coordination de toutes les forces ouvrières, sous l'impulsion du communisme, que s'organisera l'action des masses pour la prise du pouvoir.
 
15 - Ainsi, le problème des rapports du parti avec les syndicats trouve sa solution logique. Le parti groupe les militants de toutes les organisations prolétariennes qui acceptent ses vues théoriques et ses conclusions pratiques. Tous, obéissant à sa discipline, soumis à son contrôle, propagent ses idées dans les milieux où s'exercent leur activité et leur influence. Et lorsque la majorité, dans ces organisations, est conquise au communisme, il y a entre elles et le parti coordination d'action et non assujettissement d'une organisation à une autre.
 
16 - Le parti considère que l'Internationale syndicale d'Amsterdam, qui pratique la collaboration de classes et participe à l'œuvre contre-révolutionnaire de la société des Nations capitalistes, et dont la politique s'identifie à celle de la IIème  Internationale, est historiquement condamnée au sort de celle-ci. Les communistes lutteront énergiquement pour arracher à son influence les syndicats révolutionnaires et pour contribuer à la formation de la nouvelle internationale syndicale de Moscou.
 
17 - Mais, d'accord avec le 2ème congrès de l'Internationale communiste, le parti condamne toute tentative de scission syndicale. Ce sont les centrales syndicales elles-mêmes qui devront, en abandonnant l'Internationale d'Amsterdam, entrer dans l'Internationale syndicale de Moscou.
 
18 - A dater du congrès, le parti se nommera " Parti socialiste, Section française de l'Internationale communiste " . Il fera valoir, auprès du Comité exécutif de l'Internationale communiste, les raisons qui militent pour l'acceptation provisoire de ce titre.