L'enseignement primaire en Loir-et-Cher après la Loi Guizot
 
La carte et les graphiques ci-dessous ont été établis en utilisant les données recueillies par Charles PRAT et figurant dans différents rapports. L'inspecteur n'indique pas de quelles sources il dispose. On peut supposer qu'il utilise les données du recensement de 1836 pour ce qui concerne le nombre d'enfants scolarisables. Quant à la fréquentation scolaire, il ne peut que se fier aux déclarations locales à moins qu'il n'ait accès aux rôles de contribution puisque, depuis la Loi de 1833, le paiement de la "rétribution scolaire" est faite directement au percepteur. La même loi prescrivait bien aux Comités locaux de dresser chaque année la liste des enfants ayant fréquenté l'école, mais Prat remarque lui-même que ce travail n'est pas convenablement fait... Il est tout de même admissible que les chiffres fournis ne s'éloignent pas trop de la réalité.
Le contraste est fort entre la Sologne très peu scolarisée et la Beauce, au nord-est du département, où les taux de scolarisation sont comparables à ceux de Blois. PRAT décrit les cantons solognots comme les plus arriérés et semble se résigner à ce qu'ils le demeurent... Il n'est pas inutile de rapprocher ces données avec l'évolution politique du département et de remarquer que la Beauce fut une terre républicaine avant le sud du département...
De 1834 (1ère année d'application de la Loi Guizot) à 1837, on constate un  progrès dans la population scolarisée, surtout sensible dans l'arrondissement de Vendôme.
 
Le graphique montre aussi le dénuement scolaire de l'arrondissement de Romorantin.
La scolarisation des enfants de 5 à 12 ans ne progresse que légèrement: en 1845, 12 ans après la Loi Guizot, à peine plus d'1 enfant sur 2 va à l'école. Et encore les chiffres ici ne concernent que la fréquentation hivernale; l'été, les classes se dépeuplent dans les campagnes (et l'été peut commencer fort tôt!). Le retard de scolarisation des filles se résorbe légèrement, à mesure que s'ouvrent des écoles qui leur sont réservées.
 
(Note: les chiffres de fréquentation fournis par Prat ont été ou constatés lors de ses visites ou recueillis localement; dans les deux cas, ils sont sujet à caution...)