Les médecins dans l'Ordre
 
 Si elles ne constituent pas l'unique ressource de la discipline historique, les archives écrites n'en sont pas moins une de ses composantes indispensables pour la période contemporaine, grande consommatrice de papier. Les administrations publiques de l'occupation nous ont laissé d'abondantes archives et permettent ainsi d'aborder de façon directe les comportements de celles et de ceux qui ont eu des rapports, y compris contraints ! avec elles. Mais elles sont largement muettes pour ce qui concerne les actions privées quand celles-ci n'ont relevé d'aucune intervention policière ou judiciaire. Même si les autorités de Vichy, derrière les slogans de la "révolution nationale ", ont entrepris d'organiser les "corporations ", il n'est guère possible de saisir leur fonctionnement interne à la seule lumière des rapports administratifs. S'agissant des médecins, le mutisme des archives est presque complet, que ce soit sur leur activité syndicale ou sur la gestion du corps en Ordre après sa création par Vichy dès l'automne 40. Aux archives départementales du Loir-et-Cher qui alimentent presque exclusivement ce site, ne figurent que quelques pièces issues du séquestre prononcé à la Libération à l'encontre de l?Ordre départemental des médecins, pièces sans apport à la présente étude, et un rapport du Dr Grenoilleau, alors Inspecteur départemental des Services d'Hygiène, sur l' "Aspect actuel de l'organisation médico-sociale du département de Loir-et-Cher", daté de novembre 1940, riche d'enseignements sur l'état sanitaire du département -mais à la marge de notre sujet. Ajoutons quelques rares données issues de l'administration du travail, en particulier le Service du Travail Obligatoire (STO) qui soumettait les jeunes gens à un examen médical, celles extraites des dossiers d'épuration après la libération, et un petit nombre d'articles dans le quotidien La Dépêche du Centre, sous censure allemande.
 
             Quel que soit l'intérêt de ces documents, ils ne permettent pas d?approcher la réalité locale du corps médical pendant la période de l'occupation. Je rends donc grâce à l'amicale obstination du Dr Christian Darteyre et à l'aimable accueil du Conseil Départemental de l'Ordre des Médecins de Loir-et-Cher pour avoir pu consulter une partie des archives du premier organisme constitué par Vichy dès 1940. Il ne s'agit toutefois que d'un gros cahier de 271 pages manuscrites contenant les comptes-rendus des réunions tenues par le Syndicat médical de Loir-et-Cher, entre le 15 novembre 1936 et le 28 octobre 1940, et par le Conseil départemental de l'Ordre des médecins de Loir-et-Cher, sous ses différentes appellations, entre le 26 janvier 1941 et le 21 septembre 1944.  Je n'ai pas eu accès aux autres fonds conservés par l'actuel Conseil départemental, aux pièces issues, en particulier, des archives détenues par le Dr Montagne, alors président de l'Ordre, et que quatre de ses confrères récupérèrent le 28 juillet 1944 à l'issue de ses obsèques. Lorsqu'elles seront versées à l'étude publique, si elles existent encore, ces pièces éclaireront sans nul doute le fonctionnement de l'instance ordinale durant l'occupation beaucoup mieux que la présente étude qui n'a été réalisée pour l'essentiel qu'à partir de ce cahier.
1ère page du cahier de comptes-rendus
Notes
1-Les pièces issues du séquestre sont dans ADLC - 544 W
2-Le rapport du Dr Grenoilleau figure dans ADLC - 5 M 7
3-Une note du 7 juillet 1998 du Directeur des Archives de France organise le versement des archives des Conseils départementaux de l'Ordre des médecins, rendu obligatoire, aux services d'Archives départementales. Ce versement n'a pas encore été opéré en Loir-et-Cher.
 
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Dans son ouvrage "La Médecine française et les Juifs", Henri Nahum cite le travail de maîtrise d'histoire de Jocelyne Spinner sur "Les débuts de l'Ordre des médecins". Fille de l'un des médecins exclus du Loir-et-Cher, Jocelyne Spinner aborde, selon les références d'Henri Nahum, l'Ordre de ce département. L'université Paris IV Sorbonne, où ce mémoire a été soutenu, ne répertoriait pas les travaux de maîtrise: il a été impossible de se le procurer.